4 - Les Quatre Saisons de Céline Tellier - La ministre qui n’a pas de carte de parti
Après deux ans d’absence pour cause de covid-19, le public était au rendez-vous pour le retour de la foire de Libramont. L’ambiance était bon enfant, les visiteurs nombreux. C’est donc au calme que nous avons échangé avec la ministre wallonne de l’Environnement. Il fallait bien cela car Céline Tellier est une personnalité politique atypique à plus d’un titre. Déjà, elle n’a pas de carte du parti Ecolo, qu’elle représente au sein du gouvernement wallon depuis bientôt trois ans : « j’aime bien cet espèce de statut un peu particulier » sourit-elle. Désignée ministre en 2019, elle n’est pas certaine de rempiler en 2024. Issue de la société civile – elle dirigeait Inter-Environnement Wallonie – elle admet, tout de même, être passée résolument dans le champ politique. Pourquoi passer d’experte (elle est docteure en sciences sociales) dans le milieu associatif à ministre du gouvernement wallon ? La ministre répond dans ce podcast, tout comme elle évoque la question importante de la légitimité. Pour la brabançonne, il n’y a pas que la légitimité des urnes. D’ailleurs, la question d’un passage par la case « élections » dans deux ans est toujours en suspens. Sa carrière politique pourrait donc s’arrêter en 2024… Céline Tellier regrette le statut peu enviable des responsables politiques : « On a beau avoir le même discours entre le 11 septembre, sur le plateau de QR [où elle intervenait en tant que secrétaire générale d’Inter-Environnement Wallonie] et le 13 quand je prête serment, j’ai le même discours environnemental. Mais je suis cataloguée de ‘politique’ et donc de ‘tous pourris’, tout ce discours antipolitique qui est très présent. Ca m’a fort frappée quand je suis passée dans le champ politique. » Celle qui explique ne pas faire de la politique « pour faire tapisserie » a très rapidement pris ses marques dans le jeu politique wallon : ses prises de bec régulières avec Willy Borsus sont un « classique » des conseils des ministres wallons. Cet écologiste farouche insiste : lorsqu’on évoque des réformes comme celle sur la fiscalité automobile, on parle, selon elle, de décisions « softs » face à l’importance du changement climatique : « Allez dire aux gens qui sont sinistrés, qui ont perdu leur maison, ou leur famille ou leurs proches, que non on ne va rien faire, parce qu’on ne pourrait pas changer un tout petit peu nos modes de vie, je trouve qu’en fait, c’est indécent. » Elle ne fera peut-être qu’un passage éclair en politique. Mais Céline Tellier a décidé que son passage laissera des traces. Côté pile : à l’automne, 1,3 million de nouveaux arbres auront été plantés en Wallonie. Côté face : elle espère que tous les budgets débloqués grâce au plan de relance, toutes les compétences acquises pendant ces années, bourgeonneront de Tournai à Arlon.